Interview d'une orthophoniste
Quelle chance de pouvoir vous présenter la vision de mon amie Marie avec qui nous partageons beaucoup de points communs dans nos métiers respectifs.
Le métier d’orthophoniste est connu et reconnu, mais ce qui m’a donné envie de présenter ce travail à travers elle, c’est sa vision authentique et décomplexée du métier de "pédagogue" souvent idéalisé, érigé en vocation !

Quel type de personnes rencontres-tu plus particulièrement ?
A Marseille, j'ai plutôt des patients jeunes : des enfants dès 3 ans aux adolescents.
Ils viennent au cabinet pour diverses raisons:
prioritairement à cause de troubles DYS, ou parce qu'ils ne parlent pas français à la maison, ou encore à cause de handicap mental et j'ai aussi quelques enfants atteints de troubles TSA (spectre autistique), TDA (trouble de l'attention).
Puis quelques adultes en neuro suite à un traumatisme crânien ou à cause de la maladie d'Alzheimer. Mais ces consultations se font en général à domicile.
Selon toi, peut-on dire que l'orthophonie est la thérapie du langage oral et que la graphothérapie celle du langage écrit ?
Non pas du tout, l’orthophoniste est la spécialiste du langage en général : oral ET écrit.
Je suis mes patients en langage écrit pour les troubles spécifiques comme la dyslexie et la dysorthographie. C’est le cœur de notre métier.
Pour moi,
la graphothérapeute soigne le GESTE.
Comment procèdes-tu la première fois que tu vois un enfant ?
Comme pour toi en graphothérapie ! Il y a la partie du bilan échelonné ou ce que tu appelles cotations avec tous les tests spécifiques et les normes, puis une grosse partie anamnèse.
As-tu déjà conseillé des séances de graphothérapie à tes patients ?
Oui car la dysgraphie est un trouble associé que je rencontre régulièrement.
En général, les parents ont plutôt tendance à aller voir une psychomotricienne mais quand je constate que l'enfant n'a pas de grosses difficultés de coordination, pour faire ses lacets par exemple. je conseille plutôt la graphothérapie. Malheureusement, souvent les parents ne donnent pas suite car ce n'est pas remboursé. C'est un vrai frein.
Qu'est-ce qui t'a donné envie de faire ce métier ?
J'ai toujours voulu travailler avec des enfants. J'ai vite écarté la pédiatrie car j'ai peur du sang. J'ai longtemps hésité avec la pédopsychologie mais je ne voyais pas beaucoup de débouchés.
Après un stage chez une amie de ma mère qui est orthophoniste, je me suis décidée.
La relation individuelle avec le patient m'a attirée dans ce métier. Puis travailler avec des enfants est très gratifiant quand on constate des progrès.
Mais ce qui est difficile avec l'évolution de notre société, c'est qu'on se retrouve souvent dans des situations qui dépassent nos prérogatives. On devient parfois la psychologue familiale, l'assistante sociale ...
Puis exerçant en libéral, j'ai souvent le sentiment d'être seule. Il faut souvent batailler pour avoir une concertation avec d'autres collègues spécialistes pour demander les bilans par exemple. Ça doit être la cas pour les graphothérapeutes aussi !
Enfin, on ne va pas se le cacher, mais comme pour toi, il y a le côté routinier et répétitif de la rééducation qui peut être chronophage !