Dis Madame, dessine-moi ton métier !

« Pourquoi vous êtes graphologue ? »
La question m’a été récemment posée par un jeune patient.
Forcément, ça m’a surprise venant de la part de ce petit bonhomme tout frêle et, je l’avoue, un peu désarçonnée.
J’ai dû pousser ce genre de rire nerveux derrière lequel je m’abrite parfois pour éviter de répondre. Mais je n’ai pas arrêté d’y penser le reste de la journée, jusqu’à poser ces lignes…
Petite, je rêvais comme beaucoup de petites filles d’être maîtresse, infirmière, médecin ou décoratrice…
Graphologue ? Je ne savais même pas ce que c’était.
Plus tard, quand j’ai découvert que certains pouvaient lire dans les gestes d’écriture, je me suis rendue à l’opinion générale : beaucoup de scepticisme et même un peu … de moquerie !
Dans la tête d’un grand nombre, c’est un savoir poussiéreux qu’ils comparent parfois à l’astrologie : on lirait dans l’écriture comme on interprète les signes du zodiaque ou comme on devine l’avenir dans le marc de café !
Et ceux qui lui portent des vertus ont souvent peur. Vous n’imaginez pas le nombre de gens qui n’ose plus m’écrire par crainte que je découvre leur jardin secret !
Bref, ce n’était pas un rêve ! Et je ne sais pas si ça l’est encore aujourd’hui.
Mais ce fut mon choix, après une filière générale et des études supérieures tout aussi générales (Lettres Modernes et Sciences Politiques). Ces études étaient
passionnantes, tant pour les connaissances reçues que pour les compétences
développées, mais elles ne m’ont pas formée à un métier. J’ai été obligée de
chercher, de me questionner, de puiser entre désirs, rêves et réalité, pour trouver ma voie (ma voix ?)…
Une vie professionnelle, c’est aussi une affaire de rencontres.
Ce sont des retrouvailles avec une ancienne camarade de promo, qui m’ont fait découvrir la graphologie.
Elle validait son diplôme à la SFDG (Société Française de Graphologie). Elle m’a raconté. Je buvais ses paroles avec curiosité.
Et ce qui m’a plu, c’est que ce métier permettait de rester au plus près des mots. Après en avoir étudié le sens, j’imaginais la perspective d’en étudier le geste… Mais pas seulement : je pouvais plonger dans une des sciences les plus mâtures de la psychologie, développer un savoir humain et plonger dans l’âme des autres. La lecture passionnante du magnifique livre « L’âme et l’écriture » d’Ania Teillard, et sa préface signée du prédestiné Maurice Delamain, ont fini par me convaincre.
La dernière page refermée, je signais mon inscription en études de graphologie.

Ce que j’ai découvert dans cet ouvrage, c' est une vision moderne de la graphologie :
elle y détaille cette étude des fonds de l’Homme, ces correspondances avec la vie, ce révélateur de la personnalité.
L’écriture, c’est le grand livre des lapsus. C’est l’inconscient qui s’exprime au-delà de nos retenues. C’est le flot de l’âme…
« La graphologie, écrit Maurice DELAMAIN, c'est, outre la sensibilité innée aux symboles, la connaissance de l'âme humaine et une sorte de feu sacré pour y progresser ».
J’ai vu comme un appel dans ces mots. Un métier qui a du sens, un métier au savoir inépuisable.
Une preuve parmi d’autres : la graphologie m’a amenée
à la graphothérapie, la rééducation à l’écriture.
C’est magnifique l’écriture : elle prolonge l’expression de ce que nous sommes, de qui nous voulons être, de qui nous donnons à être au monde et à la société.